Jack Ma

Une fourmi va provoquer la plus grosse entrée en Bourse de l’Histoire

Ant Group, la fourmi chinoise détenue par le milliardaire Jack Ma, va entrer en bourse le 5 novembre prochain en prévoyant de lever la somme record de 34 milliards de dollars lors d’une double opération à Hong Kong et Shanghai.

Une opération sans précédent

Ant Group contient principalement comme activité Alipay, un système né en 2004 destiné à faciliter les transactions dans le e-commerce. Présent essentiellement en Chine continentale, il s’agit d’une application à télécharger sur son smartphone. Celle-ci permet de régler ses achats en ligne, directement sur son écran, ou de payer physiquement dans les commerces au moyen de codes QR à scanner.

L’entrée prochaine en bourse de la filiale financière d’Alibaba (leader chinois du e-commerce), Ant Group, est une opération sans précédent. La levée de 34,5 milliards de dollars lors de sa double cotation en bourse s’explique par l’émission de 1,67 milliard d’actions rien qu’à Hong-Kong, pour un cours à 80 dollars hongkongais. C’est ensuite le reste des titres émis sur la bourse de Shangai qui viendrait compléter la somme, avec 1,67 milliards d’actions, au prix unitaire de 68,80 yuans chinois.

L’opération pourrait même atteindre les 40 milliards de dollars si les options de surallocation sont exercées. Lors de cette annonce, le groupe a créé un véritable buzz, faisant progresser l’action Alibaba de 3,57 % à Hong-Kong à 278,80 dollars hongkongais.

La concurrence américaine mise à mal

Cet événement devrait propulser la filiale vers le haut, détrônant ainsi ses concurrents américains, Paypal et Square. La fintech serait estimée entre 310 et 313 milliards de dollars, avec un cours de 80 dollars, à la suite de son IPO. Paypal est à 232 milliards et Square à 75 milliards. Alipay avait déjà 800 millions d’utilisateurs en 2015, quand Paypal en détenait 340 millions. Mais si Ant Group se défait des concurrents américains, l’entreprise aura toujours son concurrent chinois : Tencent. La crise sanitaire n’a fait que conforter sa position de leader, avec une valorisation estimée aujourd’hui à 538 milliards de dollars.

Le mastodonte chinois commence à croître en Europe, après son déploiement dans 800 magasins Franprix, mais également chez Etam ou Maje. La filiale entend désormais viser les banques afin de démocratiser sa compatibilité lors des paiements. Ant Group devra jouer des coudes avec Tencent pour le marché européen. Celui-ci jouit d’une meilleure visibilité, notamment en France avec sa participation à la levée de fonds de deux start-up française.

En s’introduisant dans ces deux places boursières, Ant Group suit la demande de Pékin de voir les fleurons nationaux du secteur des technologies se côter sur les places boursières nationales, dans une période de rivalité économique et politique tendue avec les Etats-Unis.

Aramco bientôt reléguée à la seconde place

En 2014, Alibaba avait fait une entrée exceptionnelle à la Bourse de New York avec une opération de 25 milliards de dollars, avant d’être détrôné de son titre de plus grosse entrée en Bourse de l’histoire par Aramco en 2019. Le géant saoudien du pétrole détient pour l’instant la palme avec une introduction en Bourse de 29,4 milliards de dollars, mais ce titre ne devrait bientôt plus lui appartenir.

Ant Group est formellement séparé d’Alibaba depuis quelques années, déployant ses activités dans le secteur des prêts, de la gestion de patrimoine, des voyages et de toute une série d’autres services. La fourmi n’a pas fini de faire parler d’elle.